Ordination sacerdotale de José Alcides le dimanche 28 sept. à 15h à la cathédrale
Originaire du Salvador, en Amérique centrale, José Alcides vit sa vocation en Belgique, où il a étudié au séminaire missionnaire Redemptoris Mater de Malines-Bruxelles. Ordonné diacre en mars dernier, son témoignage est une invitation à la découverte d’un cheminement façonné par la réconciliation, l’appel et le service.
Issu d’une famille nombreuse du Salvador, José a appris très jeune la valeur du travail. Ses parents, membres du Chemin néocatéchuménal, ont joué un rôle essentiel dans son éveil spirituel. « A l’adolescence, j’ai rejoint une de ces communautés et cela m’a beaucoup aidé à accepter les souffrances de mon histoire », confie-t-il.
Après un temps de discernement, cet appel à devenir prêtre s’est concrétisé par un envoi en Belgique en 2014. José a intégré le séminaire missionnaire Redemptoris Mater. Son parcours a commencé par une année propédeutique dédiée à l’apprentissage du français, langue indispensable pour ses études et son futur ministère en Belgique.
Aujourd’hui en stage au sein de l’Unité Pastorale de la Woluwe, son expérience est marquée par une profonde humanité. Il se souvient notamment avec émotion d’une expérience en 2018 à Lourdes, où il a accompagné un groupe de personnes atteintes de troubles mentaux. « C’était une mission exigeante, mais tellement enrichissante. A la fin de la journée, j’étais épuisé, mais heureux. Avec ces personnes, tu te donnes entièrement, sans toujours attendre de remerciement. Parfois, elles te reconnaissent, puis, quinze minutes plus tard, elles t’ont déjà oublié. Mais ce sont des moments où l’on comprend vraiment le sens de la parole de saint Paul: ‘Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent’. »
Se rendre proche de ceux qui sont différents
Cette capacité à se rendre proche de ceux qui sont différents, José la met également en lumière lorsqu’il évoque sa vie au Salvador. Il se souvient des récits de son grand-père, un homme qui rêvait de retourner au village qu’il avait dû quitter à cause de la guerre. « Mes frères et cousins n’aimaient pas l’écouter raconter toujours les mêmes histoires, mais moi, j’aimais bien. Parfois, je lui disais: ‘Vous avez oublié un passage!’ Alors il revenait en arrière et reprenait son récit. Avec cette expérience, j’ai appris à écouter les personnes âgées. »
Le chemin de José n’a pas été exempt d’épreuves. A l’âge de 9 ans, il a été touché par un cancer, une expérience douloureuse qui l’a transformé profondément. « J’ai beaucoup souffert du harcèlement à l’école. Pour éviter que mes camarades d’école viennent m’embêter, j’ai créé un mur vis-à-vis des autres », confie-t-il. Cette épreuve a forgé son caractère, le rendant plus solitaire et méfiant. Cependant, elle a aussi été l’occasion d’une rencontre profonde avec Dieu. « Je suis entré à la communauté à l’âge de 15 ans, et j’y ai reçu à l’âge de 18 ans un appel à devenir prêtre », explique José. Malgré ses réticences initiales, l’appel s’est fait de plus en plus pressant, le conduisant finalement à prendre la voie vers le sacerdoce.
Pas une victime
L’entrée au séminaire a été une étape importante dans son cheminement. « J’ai beaucoup appris au séminaire. J’ai compris que je n’étais pas une victime », témoigne-t-il. Cette prise de conscience a été libératrice, lui permettant de s’ouvrir aux autres et de nouer des relations sincères. « Une relation sincère, c’est une relation dans laquelle on se raconte des choses importantes, pas seulement des blagues nulles pour passer le temps », affirme José.
Son parcours au séminaire a également été éprouvé par des épreuves familiales. Le décès de son père, les menaces de mort qui ont contraint sa famille à fuir leur village, l’agression violente de son frère policier… Autant d’événements douloureux qui ont mis sa foi à l’épreuve. « Je me suis posé cette question: Seigneur, veux-tu que je retourne au séminaire malgré la situation de ma famille? », confie José. Mais dans ces moments de doute, il a trouvé la force de persévérer, convaincu que Dieu ne l’abandonnerait pas. « J’ai vu la fidélité de Dieu dans ma vie. J’ai aussi compris que c’est le Seigneur qui sauve. Je n’allais pas sauver ma famille. Je n’allais pas leur enlever la souffrance », explique-t-il.
Témoigner de la joie de l’Evangile
Aujourd’hui diacre, José est pleinement engagé dans sa mission pastorale. Il accompagne les malades, assure le catéchisme avec une équipe de paroissiens, dont le père Guy.
José a également eu l’occasion de vivre des expériences missionnaires marquantes, notamment lors de périodes d’itinérance où il partait avec d’autres frères du Chemin. Sans argent, sans savoir où dormir. Ces expériences l’ont confronté à la réalité de la pauvreté et de la précarité, mais elles lui ont aussi permis de témoigner de la joie de l’Evangile de manière authentique.
Il se souvient notamment d’une rencontre avec un groupe de sans-abri en France. « La cheffe du groupe, une femme, nous écoute. A ce moment-là, nous n’avions pris ni le petit déjeuner ni le dîner. J’explique notre démarche: ‘Nous sommes ici pour vous parler de Dieu. Nous sommes arrivés sans rien, sans savoir où dormir, sans manger, sans argent.’ Elle nous regarde et dit: ‘Vous n’avez pas encore mangé?’ Puis elle prend un morceau de pain qui était par terre, avec un morceau de jambon, et nous l’offre », raconte José. Cette scène, d’une grande simplicité, a profondément marqué José. « J’ai mangé ce pain sans aucune hésitation. Pourtant, quand j’y repense maintenant… Cette dame l’avait ramassé avec ses mains sales, pleines de terre, et elle nous l’avait donné à manger. Et moi, je l’ai mangé sans dégoût, dans une paix totale. Je me suis dit, après coup: ‘Ça ne vient pas de moi’. »
Cette expérience lui a permis de comprendre que l’évangélisation ne passe pas nécessairement par de grands discours, mais surtout par le témoignage de sa propre vie et la capacité à se rendre proche des autres. « Ce n’est pas nous qui convertissons, mais Dieu qui appelle chacun. Il se fait entendre de celui qui veut bien l’écouter et entre dans le cœur de celui qui lui ouvre sa porte », affirme José.
José Alcides Hernandez Hernandez sera ordonné prêtre le dimanche 28 septembre à 15h00 en la cathédrale des saints Michel et Gudule par l’archevêque Luc Terlinden, en même temps qu’Andrès Bustamante. Le même jour, Mgr Terlinden ordonnera Hugues Libbrecht diacre permanent.
Luca MARCIANO, Vicariat de Bruxelles (Cathobel)
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